Billet d'humeur du 28/10/99
Je dirai tout d'abord qu'en cas de crime, il ne saurait y avoir prescription et il me semble somme toute naturel que ce personnage historique et publique assume pleinement et avec dignité les conséquences de ses agissements.
En appeler à la commission des droits de l'homme comme il tente de le faire me semble à la fois paradoxal et dérisoire. Comment cette commission pourrait-elle condamner la France et couvrir un homme qui a eu un tel mépris de la vie des autres : à Bordeaux, à Charonne ou ailleurs ?
Loin de critiquer le procès Papon, je le qualifierai d'exemplaire et de courageux car les magistrats n'avaient pas la tâche facile... Certes, Maurice Papon s'est présenté comme un fonctionnaire modèle aux scrupules peu scrupuleux... mais il y a des circonstances où l'ambition personnelle doit savoir reculer ; et c'est le cas lorsqu'il s'agit de tuer...
Car derrière le " cas Papon ", les magistrats nous font passer un message essentiel : l'obligation de savoir dire " non " à un ordre manifestement illégal.
La position de la Justice rejoint l'Ethique : un homme reste toujours et indéfiniment responsable de ses actes ; il ne saurait justifier son irresponsabilité en s'abritant derrière une hiérarchie.
Alors, je m'interroge : est-ce parce qu'on lui a donné une leçon quant aux " Devoirs de l'Homme " que Maurice Papon en appelle aux " Droits de l'Homme " ? Et de l'image de la France qu'il a soit disant servie, Maurice Papon, fonctionnaire modèle, en a-t-il cure ? A-t-il même conscience du préjudice qu'il a causé à son pays par une attitude hautaine et peu scrupuleuse ?
Il aurait été si simple de présenter ses excuses aux familles des victimes... j'espère bien qu'un jour, il le fera... Il n'est jamais trop tard pour demander pardon et s'engager sur une voie d'humilité... seule cette démarche peut guérir Papon !
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1998 Thierry Gamelin
